[INSTALLATION]

STICHOMYTHIE, 2020

Sound installation, PVC tubes, speakers, 12:02 minutes, stereo sound, 550 cm.

[FR]

Stichomythie One est composée de deux tiges sur lesquelles sont installés deux haut-parleurs qui diffusent la discussion de deux assistants vocaux connectés. Ces tiges, à la fois fragiles et très présentes, sortent du sol telles de longues racines dont on écoute les étranges dialogues depuis le sommet. Son déploiement offre la possibilité au spectateur de se saisir ou non de ces échanges.

Inventés pour accompagner l’homme, les assistants vocaux sont devenus des biens de consommation. Ils sont capables de contrôler différents aspects de notre environnement et de nos appareils électroniques dit « connectés ». Dans un article de Nicolas Santolaria1 pour Le Monde, on apprend que cette technologie est d’origine militaire. Rachetée par les plus grandes entreprises, elle dispose aujourd’hui d’une place dans notre salon, dans notre chambre ou notre cuisine. Cet objet nous écoute et apprend de nous. Toutes nos données sont recueillies et enregistrées pour offrir au système une manière de s’améliorer et de devenir toujours plus humain. À l’écoute de Stichomythie One, on s’interroge sur la nature même du dialogue : est-il le fruit d’un libre arbitre, ou est-ce la trace indélébile d’une discussion captée ?

Par une manipulation assez simple, il est possible de faire entrer ces assistants vocaux en discussion. Ces êtres désincarnés sont alors persuadés de converser avec un être humain. Le dialogue recueilli entre ces deux interfaces sert de matière première à mon travail. Le texte est relu et interprété par deux acteurs vocaux professionnels. J’ai eu la chance de les rencontrer par l’intermédiaire de Alan Rogo, étudiant en cinéma. Cette ré-interprétation permet au texte issu de l’IA de prendre vie et de brouiller la frontière entre le vivant et l’inanimé. Cette pièce sonore puise son inspiration dans l’aléatoire des interactions humaines vues au travers du spectre de la machine. Ce dialogue devient une histoire, une rencontre faite d’amour, de sentiments et d’erreurs liés à l’imperfection de ces interfaces. C’est une occasion de remettre en question les subtilités du langage humain. La possibilité s’offre alors à nous de nous joindre ou non à cette conversation qui semble s’échapper de nulle part.

Nicolas Santolaria a par ailleurs publié, « Dis Siri » Enquête sur le génie à l’intérieur du smartphone, Édition Anamosa, 2016. 

[EN]

Stichomythie One is composed of two rods on which are installed two loudspeakers which broadcast the discussion of two connected voice assistants. These stems, both fragile and very present, come out of the ground like long roots whose strange dialogues can be heard from the top. Its deployment offers the spectator the possibility of understanding these exchanges or not.

Invented to support humans, voice assistants have become consumer goods. They are able to control different aspects of our environment and our so-called “connected” electronic devices. In an article by Nicolas Santolaria1 for Le Monde, we learn that this technology has a military origin. Bought by the biggest companies, it now has a place in our living room, our bedroom or our kitchen. This object listens to us and learns from us. All of our data is collected and recorded to provide the system with a way to improve and become ever more human. Listening to Stichomythie One, one wonders about the very nature of dialogue: is it the result of free will, or is it the indelible trace of a captured discussion?

By a fairly simple manipulation, it is possible to bring these voice assistants into discussion. These disembodied beings are then persuaded to converse with a human being. The dialogue gathered between these two interfaces serves as raw material for my work. The text is proofread and interpreted by two professional vocal actors. I had the chance to meet them through film student Alan Rogo. This reinterpretation allows the AI ​​text to come to life and blur the line between the living and the inanimate. This sound piece draws its inspiration from the randomness of human interactions seen through the spectrum of the machine. This dialogue becomes a story, a meeting made of love, feelings and errors linked to the imperfection of these interfaces. This is an opportunity to question the intricacies of human language. We then have the option of whether or not to join in this conversation that seems to be escaping out of nowhere.

Nicolas Santolaria has also published, « Dis Siri » Enquête sur le génie à l’intérieur du smartphone, Édition Anamosa, 2016.